Musique et cerveau: santé et bien-être

La musique est la langue de l’émotion, Kant

Du contre-ut de Farinelli qui provoquait un orgasme chez ses spectateurs en passant par le « Gloomy Sunday », chanson des années 30 et dont la diffusion radio fut à l’origine d’une vague de suicide aux Etats-Unis, la musique ne laisse pas ses auditeurs dans l’indifférence. A moins de souffrir d’anhedonie musicale.

Maladie qui touche 3 à 5 % de la population mondiale, l’anhedonie musicale, c’est ne pas éprouver de sentiment à l’écoute d’une chanson, c’est donc pouvoir apprécier sans contraintes (et sans avoir les oreilles qui saignent) certaines prestations devant quelques célèbres télé-crochets.

L’anhédonie musicale, un mal dont ne souffrait le mélomane et mélancolique Roi Saül. 10 000 ans avant JC, le fils de Quish, et le premier roi des israélites en Terre d’Israël selon la bible, ne sortait de sa sombre tristesse qu’au son de la Lyre de David. Tout comme le dépressif roi d’Espagne Philippe V qui, au 18iéme siècle, ne se séparait pas du castrat Carlo Broschi, plus connu sous le nom de Farinelli. Seul apte à le faire émerger de sa neurasthénie.
La musique, un outils thérapeutique ? Des hôpitaux utilisent les bienfaits de la musicothérapie que l’OMS définie comme: « une des composantes de l’art-thérapie qui consiste à utiliser la musique comme outil thérapeutique, pour rétablir, maintenir ou améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle d’une personne. » Plus encore, une étude intitulée « Effets de la musicothérapie sur la douleur et l’anxiété des patients atteints de cancer hospitalisés et/ou suivis en service d’oncologie », dispose que: « La musicothérapie réceptive permet des réductions significatives de la douleur pendant la séance (−58,3 %) et jusqu’à 30 minutes après (−59,7 %). Une réduction de l’anxiété a été observée pendant la séance (−74,3 %) et jusqu’à 30 minutes après (−72,6 %). »

Que se passe-t-il lorsque nous écoutons de la musique ?

  • Écouter de la musique qui nous plait active dans notre cerveau le circuit du plaisir et de la récompense. Une zone qui secrète nombre de substances euphorisantes, des neuromédiateurs, comme la dopamine (neurotransmetteur du désir), la sérotonine (que l’on retrouve dans les antidépresseurs), de l’endorphine (qui provoque ces frissons), mais aussi de l’adrénaline (pour le côté énergisant).
  • Écouter de la musique qui nous plait active également nos neurones miroirs. « Car notre cerveau, grande découverte du 20ième siècle, est une machine à imiter, » explique le neurologue Pierre Lemarquis dans une interview pour le site Thinkovery, avant de rajouter: « lorsque l’on voit quelqu’un faire une action notre cerveau fonctionne comme si nous étions entrain de la faire. » Tant et si bien qu’à l’écoute d’une chanson qui nous charme, notre cerveau agit comme si c’était nous qui chantions et dansions: « Même si nous n’ouvrons pas la bouche et que nous ne sommes pas en mouvement, notre cerveau chante et bouge. On adhère complètement à cette musique, on s’y assimile. »

Dans le milieu médical, l’étude de la musique sur notre cerveau permet d’apprécier la neuroplasticité, qui est la capacité de notre cerveau à se modifier, à s’adapter aux sollicitations de l’environnement. On parle de neuroplasticité fonctionnelle ( comment notre cerveau change pour effectuer une tâche) et structurale ( modification de notre cerveau dans sa forme et au niveau de la connectivité entre ses neurones.) Par exemple, il est prouvé qu’un sujet qui développe une expertise dans un domaine modifie son cerveau. Dés lors, « un musicien va avoir un corps calleux plus épais dans la région antérieur qu’un non-musicien, » comme l’explique à France Inter Hervé Platel, professeur de neuropsychologie: cliquez-ici !

Musique et maladie d’Alzheimer. Forme la plus fréquente de démence chez l’être humain, la maladie d’Alzheimer entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales, notamment de la mémoire. Et si la musique pouvait aider ces personnes à se souvenir ? Et si la musique pouvait raviver leur mémoire ? Tel est le thème du documentaire Alive Inside, de Michael Rossato-Bennett, qui pendant trois ans, suit le périple de Dan Cohen, travailleur social et qui tente de convaincre les maisons de repos des bienfaits de la musique afin de venir en aide aux personnes atteinte de la maladie d’Alzheimer.  Trois ans de tournage réuni dans ce captivant documentaire au sein duquel des personnes, comme Henry, qui souffre depuis plus de 10 ans d’Alzheimer reprend vit au son d’une musique qu’il écoutait dans sa jeunesse.

Car la réponse est: oui. Sans le savoir, en n’en ayant pas conscience, des personnes qui souffrent de la maladie d’Alzheimer arrivent à apprendre des chansons.

Par Fabien Salliou – Praticien en PNL

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